Le Blog de Gégé

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03/01/2023

20 ans après….

3 Janvier 2003, il fait froid, le ciel est gris, il neige même un peu sur la Touraine.

Pourtant, tel un gamin, je ne conçois pas de remettre à plus tard l’essai de mon premier vélo de course, récupéré le matin même chez le vélociste, d’autant qu’il était attendu pour Noël.

Une selle en cuir effilée, un pédalier en aluminium poli à 3 plateaux, une cassette où s’empilent 9 pignons, des pneus très fins, voilà autant de raisons pour trouver magnifique ce vélo très classe dans sa livrée bleue et argent. Bien que personne ne puisse l’admirer, je suis très fier de monter une pareille bête de course.

Cycliste novice, pas encore vraiment rassuré d’être accroché aux pédales, me voilà bientôt sur la route, jouant avec les braquets sur une chaussée pourtant rigoureusement plate. Malgré la froidure, le revêtement mouillé par la neige fondue et le manque d’aisance propre au débutant, j’ai l’impression avec cette merveille de précision mécanique de rouler aussi vite qu’un champion.

À 49 ans, je dois dire que ma pratique cycliste s’est limitée jusque-là à quelques trajets sur un vélo de ville assez lourd, entre le domicile et la boulangerie du quartier. Mais au terme de cette première randonnée d’une trentaine de kilomètres à peine, j’ai le pressentiment qu’une histoire commence. J’ignore encore la place et l’importance que le vélo va prendre dans ma vie…

Depuis ce jour de janvier où je suis entré dans l’univers cycliste, 20 années se sont écoulées. Aussi, pour commémorer cet anniversaire, j’ai tenu aujourd’hui à chevaucher le vieil Orbea bleu de mes débuts et à témoigner de la passion qui m’anime.

Au fil des années, bien que la monture, comme son maitre, se soit un peu défraîchie je ne me suis jamais résolu à m’en séparer. Fait significatif, je n’ose pas qualifier de « mulet » cette rossinante car à mes yeux l’Orbea de mes premières escapades fut d’abord un fringant destrier.

Jamais je n’aurais pensé que durant deux décennies, j’allais cumuler sur ce vélo et quelques autres plus de 200 000 km, « diagonaler » à 18 reprises pour joindre les 6 villes des confins de l’hexagone, « centrionaler » sur les traces du « Coyote », alias « Roule toujours » une dizaine de fois en tous sens et en toutes directions.

Je n’aurais pas non plus osé imaginer partir pour « paribrester » avec des cyclos venus du monde entier, « cyclomontagnarder » dans divers massifs, ou « flécher » vers la Provence en période pascale. J’aurais été surpris de savoir que je randonnerais en France par tous les temps au cours d’une quarantaine de brevets de longues distances et au cours des multitudes escapades lors des Dodecaudax.

En 2003, il m’aurait semblé encore plus inconcevable qu’un cycliste ordinaire puisse atteindre des destinations aussi lointaines que l’Ecosse, les bords du Tage ou les rives de l’Adriatique dans les Pouilles. Il m’aurait aussi paru hautement improbable de randonner un jour au milieu les oliveraies d’Andalousie, d’approcher les rivages de la mer Baltique ou la frontière austro-hongroise. Et puis croire que ces destinations lointaines, Inverness, Lisbonne ou Copenhague pouvaient être des points de retournement, l’idée ne m’avait même pas effleuré.

Et pourtant… 

Après deux premières années de randonnée en solitaire, en rejoignant l’Union Cyclotouriste de Touraine, je me suis essayé sur des parcours en étoile avec des compagnons de route du club. En changeant chaque année de camp de base, tantôt en Alsace ou en Bretagne, tantôt en Savoie ou en Provence, en Normandie ou dans les Landes, nous avons tracé notre route dans de nombreuses régions de France. En compagnie, d’autre cyclistes plus aguerris, j’ai découvert au fur et à mesure de cet apprentissage les voyages au long cours, folles randonnées je n’aurais pas eu l’idée d’entreprendre. Dans ce parcours cyclotouriste, l’émulation m’a été précieuse et sans mauvais jeu de mots, elle m’a permis d’avancer !

« Vingt ans après » quand on ne s’appelle pas Dumas, une telle histoire, même vécue avec beaucoup de passion ne donne pas matière à l’écriture d’un roman. Cependant, si une passion ne se quantifie pas, rien n’interdit d’en dresser le bilan.

La satisfaction la plus évidente pour le cyclotouriste que je suis devenu, est le plaisir sans cesse renouvelé de la découverte. J’ai souvent observé sur certains parcours empruntant les mêmes routes que j’éprouve rarement les mêmes sensations en passant aux mêmes endroits.

La condition mentale et physique du moment, l’heure ou la saison, la pratique solitaire ou en groupe, sont autant de variables modulant mon ressenti. Par analogie avec la musique, il me semble qu’une partition pourtant unique peut selon l’interprète, le tempo, l’état de réceptivité de l’auditeur, l’acoustique de la salle et le talent du chef d’orchestre, donner à ressentir des émotions aussi multiples que variées.

Parvenir à atteindre les objectifs qu’on s’est fixés, même s’ils ne relèvent pas de l’exploit, est un autre motif de satisfaction pour un cyclotouriste. Sans chercher à en tirer gloire, il parait légitime d’être heureux d’avoir réussi à monter un col difficile, d’avoir été capable de lutter contre les éléments, ou encore de ne pas avoir flanché sur une randonnée exigeante en endurance. C’est une manière d’exister.

Mieux que l’étalage inutile de faits d’armes plus ou moins méritoires, l’estime et la confiance en soi qu’on acquiert en élevant son niveau d’exigence sont aussi les raisons nous incitant à toujours essayer autre chose et par là même, de vivre. Enfin, sans fausse modestie, j’affirme que mes plus belles réussites sont les randonnées où j’ai été au plus près de l’échec.

20 ans de bonheur, ça se fête !

Ce bilan de deux décennies en selle, s’il se limitait à évoquer une collection de périples plus ou moins aboutis, de kilomètres accumulés, et quelques motifs de satisfaction personnels serait incomplet si j’occultais la sociabilité dans le cyclotourisme.

Le cyclotourisme suppose une certaine cohésion entre les pratiquants. Il nous donne le sentiment d’appartenir à un groupe, composé de personnes par nature diverses et contribue ainsi à faciliter l’existence sociale grâce aux échanges et aux liens qui se tissent avec les autres.

Dans ce groupe, tous sont des compagnons de route partageant une passion commune. Quelques-uns deviennent des amis.

Les voyages au long cours sont aussi un lieu privilégié d’échange et si ces rencontres sont brèves, elles sont souvent intenses. Enfin partager des expériences quelque peu hors-normes renforce les liens entre les coéquipiers au point de créer des amitiés durables.

Pour conclure ce bilan introspectif, mon seul espoir de « presque septuagénaire » est de pouvoir continuer à pédaler le plus longtemps possible…



Une réflexion au sujet de « 20 ans après…. »

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