BISCAROSSE-PLAGE (Landes)

Synthèse

  Trajet :

  Départements traversés :

18 – Cher
36 – Indre
23 – Creuse
87 – Haute-Vienne
16 – Charente
24 – Dordogne
33 – Gironde
40 – Landes

  Participant(s) :

Gérard GAUTHIER
Michel MEVEL

  Dates : Du 04/05/2021 au 07/05/2021

  Dénivelée : 6563 m

  Distance : 632 km

   Étapes
1SELLES-SUR-CHER (41) - ST-AMAND-MONTROND (18)115 km1002 m
2ST-AMAND-MONTROND (18) - ST-JUNIEN(87)192 km2675 m
3ST-JUNIEN (87) - VIGNONET (33)170 km2179 m
4VIGNONET (33) - GUJAN-MESTRAS (40)155 km707 m

Ce texte est une reprise de publications sur les réseaux sociaux au cours de la randonnée.

Reste dans ta grange !

 

1er jour – SELLES SUR CHER (41) / ST-AMAND-MONTROND (18)           115 km – 1002 m

À vélo comme en amour, les préliminaires ne sont pas à négliger : ils favorisent l’approche en douceur et contribuent à accroître le désir. Souvent, ils permettent de sentir l’intensité de l’envie et aident à percevoir si elle est partagée – autant de conditions essentielles au plaisir…
Pour nous, ces préliminaires ont débuté dans deux directions opposées : Michel, parti de Saint-Pourçain-sur-Sioule (03), s’est frotté sur 110 km aux derniers moutonnements de l’Auvergne, puis a tracé sur les lignes droites dominées par les chênes séculaires de la forêt de Tronçais. Quant à moi, j’ai choisi de faire une approche en train jusqu’à Selles-sur-Cher (41), avant de rejoindre Michel, venu à ma rencontre à Bruère-Allichamps. Depuis Selles-sur-Cher, le parcours de 114 km sur des routes paisibles au milieu du désert français m’a paru à la fois plaisant et assez facile, malgré les coups de boutoirs d’un fort vent latéral. L’un comme l’autre, nous avons roulé souvent sous une pluie fine, histoire de nous mettre dans l’ambiance des jours prochains. Enfin, à l’heure dite nous sommes arrivés à Saint-Amand-Montrond chez Martine, notre hôtesse désormais habituelle en ce lieu où débutera demain, avant l’aube, notre Centrionale vers Biscarosse.
En échangeant nos impressions après ce galop d’essai un peu arrosé, nous avons constaté que, malgré les conditions annoncées pour les jours suivants, l’envie (de rouler… est-il besoin de le préciser ?) était bien là. De là à penser qu’à vélo comme en amour, le manque est le plus sur carburant pour alimenter le moteur du désir, il n’y a qu’un pas… ou un tour de pédale !
Demain, une belle partie de manivelles nous attend : pluie, fort vent contraire et bosses à foison.

 

2ème jour – ST-AMAND-MONTROND (18) / ST-JUNIEN (87)        192 km – 2675 m

La publication du jour sera pour une fois assez courte, car la journée a été plutôt longue. Première surprise : alors qu’un déluge était annoncé, nous n’avons pas eu à essuyer la moindre gouttelette de pluie. En revanche, la dénivelée promise était bien là. Si nos jambes pouvaient parler, elles vous diraient tout ce qu’elles ont dû endurer : 2675 m de dénivelé sur des routes assez roulantes, mais avec un profil très tourmenté !

▲ Abbaye de Noirlac – BRUÈRE–ALLICHAMPS (18)

Avant mon départ de Tours, par curiosité j’ai pesé ma monture équipée et peux ainsi répondre à une question récurrente des personnes qui nous suivent, celle du poids total en charge d’un vélo de randonneur. En ordre de marche, il pèse 21 kg. L’éclairage, les bidons, le porte-bagages, les sacoches et leur contenu, le matériel de réparation font plus que doubler le poids propre de la machine. Voilà peut- être un début d’explication à notre lenteur. Mais est-ce vraiment important ?
Notre journée ne saurait se résumer à l’énumération des difficultés rencontrées lors de cette laborieuse progression. Certes, nous n’avons pas vu de paysages grandioses ou des monuments d’exception, mais la satisfaction des yeux est pourtant bien là. La contemplation des paysages berrichons ou limousins, encore très préservés, et de ces villages endormis parfois dominés par un clocher tors, a suffi à notre plaisir.

 

3ème jour – ST-JUNIEN (87) / VIGNONET (33)          170 km – 2179 m

Parfois, avant même que le jour se lève, le pressentiment que la poisse sera la compagne du jour occupe toutes vos pensées. Et ça se vérifie très vite lorsque Michel, en sortant son vélo, constate la crevaison de sa roue avant. Nous en sommes quittes pour réparer et pour partir avec un capital-temps entamé d’un quart d’heure, alors que la journée s’annonce très rude.
Dès le départ, la pluie abondante tombe sans discontinuer. Elle rend encore plus éprouvante le grignotage des bosses qui se succèdent à intervalles rapprochés. Engoncés dans nos tenues de pluie, nous peinons encore plus qu’à l’accoutumée. Michel, pas tout à fait remis de la veille, a un peu de mal à suivre. Le transport de sa randonneuse non démontée n’étant pas autorisé dans le train du retour, Michel a été contraint de partir avec son vélo de course. Sur ce terrain difficile, les développements inadaptés le pénalisent beaucoup. Maudits soient les « Ouigo », les « Inoui» et les technocrates ferroviaires ennemis du service public ! Cependant l’accumulation de ces contrariétés et une bonne trentaine de kilomètres suffisent, pour une fois, à ramener le moral de ce vieux briscard au niveau de ses chaussettes, évidemment trempées ….
Bien que je ne sois guère plus vaillant, Michel craint de me retarder. J’essaie de le rassurer, de lui dire que nous prendrons le temps nécessaire pour progresser de conserve. Mais le jeu de l’élastique, conséquence de nos rythmes d’ascension différents, finit par lui casser le moral : il veut déclarer forfait. J’essaye de l’en dissuader, mais en vain. Michel m’assure que son gendre pourra venir le rapatrier ; mais il ne parvient pas à le joindre…

▲ Pèlerin de Compostelle, au moins aussi obstiné que nous !

Dans la grange où nous nous sommes réfugiés dégoulinants de pluie, nous jaugeons la situation. Arrêter ensemble n’est guère envisageable en raison des 300 km qui séparent Saint-Pourçain de Tours. À cela s’ajoute une contrainte : dans les environs de Biscarosse nous devons récupérer le colis renfermant nos housses de transport, et qui a déjà été réceptionné par notre prochaine hôtesse. Michel finit par me convaincre de repartir seul. À regret, je m’exécute, certain que sa compagne Jacqueline viendra le récupérer.

L’intérêt des vaches pour les bœufs ne se dément pas !

Alors que je suis déjà reparti, sa compagne Jacqueline, une cycliste au caractère bien trempé (même par temps sec…), est contactée au saut du lit. Mais « renoncer » est un mot banni de son vocabulaire, pour elle comme pour les siens. Aussi oppose-t-elle à Michel une fin de non-recevoir.
– « Tu ne peux pas abandonner comme ça ! Repars ou reste dans ta grange… »
Michel, piqué au vif, et peut-être aussi grâce à une remontée de moral, se décide après un temps de réflexion à enfourcher sa monture, car dans le fond il n’est pas homme à lâcher prise. Lorsque je le rappelle en fin de matinée pour avoir des nouvelles de son rapatriement, je comprends qu’il est de nouveau en selle. C’est alors que commence une course poursuite entrecoupée d’échanges téléphoniques plus ou moins fructueux entre le poursuivant et le poursuivi. Je vous fais grâce des détails tant les causes de dysfonctionnements et d’incompréhension peuvent être nombreuses avec ce genre d’appareils, surtout en situation critique (pluie, problèmes de batterie, réseau, réactivité de l’appelé ou de l’appelant, j’en passe et des meilleures).

Finalement, en milieu d’après-midi, le contact est rétabli entre les deux comparses, tant et si bien qu’ils finissent par se rejoindre dans une supérette de Saint-Émilion.
Chacun sait à quel point le vélo peut être éprouvant, surtout en de pareilles conditions. Garder le moral n’a rien d’évident ; mais, chez les randonneurs au long cours, dont la diversité de caractère est grande, la qualité dominante commune à toutes ces « têtes de cochon » est à n’en pas douter la ténacité. En voilà, me semble-t-il, une parfaite illustration.

▲ VILLEBOIS-LAVALETTE (16) : La halle
▲ AUBETERRE-SUR-DRÔNE (16)

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

4eme jour – VIGNONET (33) / BISCAROSSE-PLAGE (40) / GUJAN-MESTRAS (40)       155 km – 707 m

Une fois n’est pas coutume, rien à redouter du ciel et du parcours aujourd’hui – à peine une ou deux petites bosses dans les vignes de l’Entre-deux-mers – entre Dordogne et Garonne, puis un profil rigoureusement plat sur les routes rectilignes de l’immense forêt landaise, à la poursuite d’un horizon immuable qui n’en finit pas de s’éloigner, même quand on croit l’approcher. Autant dire que c’est souvent long et toujours désespérément vide !
Au cours des diagonales, j’ai randonné à plusieurs reprises dans cette même région, dont la traversée m’est toujours pénible : monotonie et spleen garantis ! Pourtant, à Belin-Beliet (40) plus de place pour l’ennui lorsqu’un cycliste, surgi de nulle part, nous dépasse. Il tracte une petite remorque où un chien a pris place. Je décide de prendre en chasse ce curieux attelage, obligé pour cela à m’escrimer, à augmenter la cadence de pédalage. Au travers de sa résille le chien m’observe en train de courser son maître. J’ai l’impression que le gentil toutou s’amuse de mon pédalage laborieux ! Près de 60 kg à tracter, à comparer aux 21 kg d’un cyclo qui se croyait chargé…
Certain que la vélocité du cyclo ne durera pas, je m’accroche, mais bien vite je déchante : l’homme pédale avec une vraie aisance malgré la charge de ses bagages de cyclo-camping. Enfin, parvenu à sa hauteur, nous engageons la conversation. Olivier, cyclo aux mollets d’acier, me parle de la Réunion où il a longtemps vécu, et de son chien errant adopté sur l’île. Il évoque son voyage débuté à Toulouse, qui devrait s’achever en Bretagne ; nous lui expliquons la nature de notre randonnée, des Diagonales et EuroDiagonales qui les ont précédées. À la halte, Olivier libère Salyn pour qu’il se dégourdisse les pattes. Puis, après un petit tour, le chien revient en frétillant de la queue et réintègre sa niche roulante lorsque son maître lui distribue des croquettes.
Avant de repartir chacun à notre rythme, je communique mon adresse à Olivier et propose de l’héberger lorsqu’il sera dans la région de Tours.
Après le pointage final de Biscarosse-plage (40), il nous reste une quarantaine de kilomètres pour rejoindre notre hébergement à Gujan-Mestras (40), par d’agréables pistes cyclables en forêt en bordure de l’océan et de l’imposante dune du Pyla.
Ma cinquième Centrionale, qui est aussi la troisième avec Michel, est désormais bouclée.
Demain, retour à Tours par le train. C’est souvent plus compliqué qu’à vélo !




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