Le Blog de Gégé

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06/05/2021

Reste dans ta grange…

Parfois avant même que le jour ne soit levé, un pressentiment vous suggère que la poisse sera la compagne du jour. Et ça se vérifie très vite, lorsque Michel sortant son vélo constate la crevaison de sa roue avant. Nous en sommes quitte pour réparer et pour partir avec un capital temps entamé d’un quart d’heure alors que la journée s’annonce très rude.

Un pèlerin de Compostelle, au moins aussi obstiné que certains cyclos !

Depuis le départ, la pluie tombe drue, sans discontinuer. Elle rend encore plus éprouvante le grignotage des bosses qui se succèdent à intervalles rapprochés. Engoncés dans nos tenues de pluie, nous peinons encore plus qu’à l’accoutumée. Michel, pas tout à fait remis de la veille a un peu de mal à suivre. Dans l’impossibilité de transporter sa randonneuse par le train, il a été contraint à partir avec un vélo de course dont les  développements sont inadaptés aux longues randonnées. Maudits soient les « Ouigo », les « Inoui» et les technocrates ferroviaires ennemis du service public  !

L’accumulation de ces contrariétés et une bonne trentaine de kilomètres suffisent, pour une fois, à ramener le moral de ce vieux briscard au niveau de ses chaussettes (trempées, est-il besoin de le préciser…).

Bien que je ne sois guère plus vaillant, Michel redoute de me retarder. J’essaie de le rassurer, de lui dire que nous prendrons le temps nécessaire pour progresser de conserve. Mais, le jeu de l’élastique, conséquence de nos rythmes d’ascension différents, finit par  lui casser le moral ; il veut déclarer forfait. J’essaye de l’en dissuader, mais en vain. Michel m’assure que son gendre pourra venir le rapatrier. Mais il ne parvient pas à le joindre…

 

La halle de Villebois-Lavalette (16)

Dans la grange où  nous nous sommes réfugiés dégoulinants de pluie, nous jaugeons la situation. Arrêter ensemble n’est guère envisageable en raison des 300 km qui séparent Saint-Pourçain de Tours. À cela s’ajoute une contrainte, nous devons récupérer dans les environs de Biscarosse le colis, renfermant nos housses de transport, qui a déjà été réceptionné par notre prochaine hôtesse. 

Michel finit par me convaincre de repartir. À regret, je m’exécute, certain que sa compagne Jacqueline viendra le récupérer.

Alors que je suis déjà reparti, Jacqueline, une cycliste au caractère bien trempé (même par temps sec…) est contactée au saut du lit. Mais « Renoncer » est un mot banni de son vocabulaire, pour elle comme pour les siens. Aussi oppose t’elle à Michel une fin de non recevoir :

– « Tu ne peux pas renoncer comme ça ! Tu repars ou tu restes dans ta grange…»

Michel, piqué au vif, et peut-être aussi grâce à une remontée de moral se décide, après un temps de réflexion à enfourcher sa monture, car dans le fond il n’est pas homme à lâcher prise. J’apprends un peu plus tard en le rappelant qu’il s’est remis en route.

Aubeterre sur Drône -16

C’est alors que commence une course poursuite entrecoupée d’échanges téléphoniques plus ou moins fructueux entre le poursuivant et le poursuivi. Je vous fait grâce des détails tant les causes de dysfonctionnements et d’incompréhension peuvent être nombreuses avec ce genre d’appareils, surtout en situation critique (pluie, problèmes de batterie, réseau, réactivité de l’appelé ou de l’appelant, j’en passe et des meilleures).

Finalement, en début d’après-midi, le contact est rétabli entre les deux comparses tant et si bien qu’ils finissent par se rejoindre.

Chacun sait à quel point, le vélo peut être éprouvant surtout en de pareilles conditions. Garder le moral n’a rien d’évident. Mais chez les randonneurs au long cours, dont la diversité de caractère est grande, la qualité dominante commune à toutes ces « têtes de cochon » est à n’en pas douter la ténacité.

En voilà, me semble t’il  une parfaite illustration.

 



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