2018 – L’auberge du Solstice

« L’Auberge du solstice » n’est pas encore répertoriée au Gault et Millau. Pourtant la renommée du  lieu est telle qu’elle attire des cyclistes venus de tous les horizons. Malgré la froidure de l’hiver et la nuit qui promet d’être longue, les cyclos n’hésitent jamais à se mettre en route nuitamment pour se rendre sur ce haut lieu de convivialité, distant par les chemins détournés d’une centaine de kilomètres de Tours

Départ du palais des sports de Tours

Au palais des sports, les membres de la confrérie des dodecaudaxiens se rassemblent, emmitouflés pour braver la rigueur d’une des plus longues et des plus froides nuits de l’hiver. Revêtus de gilets jaunes rétroréfléchissants et bardés de lumières, ils débutent leur périple en remontant la rue Nationale. Leur harnachement lumineux à dominante rouge et blanche crée un sillage ondoyant qui vient rehausser l’éclat des illuminations de Noël. Les rares passants un peu surpris par cette cohorte de poussins scintillants s’écartent pour les laisser passer, jugeant préférable  de ne pas gêner ces fous pédalant. On ne sait jamais !

Guidés par Jean-Pierre, l’initiateur du Dodécaudax, la longue file de cyclistes s’élance dans la nuit en direction de la Sibérie. Rien ne saurait les arrêter, mais à l’endroit ou la Cisse oblique pour prolonger un moment sa course vers la Loire, le long ruban lumineux met le cap au Nord. Dans les villages traversés, la lumière peu à peu se raréfie et disparaît même à l’approche de minuit.

Les quelques bosses qui émaillent le parcours contribuent à transformer la guirlande lumineuse initiale en une succession de lucioles groupées par petites unités. Alors, selon un rituel désormais bien rodé, Jean-Pierre opère un regroupement. Sur la place de Landes le Gaulois, plongée dans l’obscurité à peine percée par les lumières des adeptes des éclairages à piles, les groupes se reforment le temps d’une courte pause. Les poussins en profitent pour picorer tout en  piaillant allègrement. Voilà qui pourrait inquiéter les landaisgaulois, mais ceux-ci peu téméraires restent à l’abri derrière leurs volets.

Mais déjà, le maitre de cérémonie, assuré que la troupe est au complet, donne le signal du départ vers l’Auberge du solstice. Sur le plateau, plus venté que la première partie du parcours, la troupe reconstituée roule en groupe avant de s’étirer lorsqu’elle plonge vers la vallée du Loir. Tandis que  nous traversons la ville de Vendôme endormie, nous redoublons d’ardeur pour atteindre l’auberge maintenant toute proche.

Là, pendant  une heure et demie, nous abandonnons nos montures et nous nous réfugions dans la  cave troglodytique attenante à la maison de Jean-Pierre. Sa charmante compagne Pascale et d’aimables cyclos vendômois s’affairent pour nous servir un repas réconfortant qui débute par une soupe au potimarron, elle-même précédée par une bière ou des jus de fruit pour les cyclos les plus sobres.

Pour la première fois à la lumière, nous découvrons au complet les visages de nos compagnons de route. Tiens, cette année, il manque Andréas notre copain allemand et Stéphane le normand.  En revanche, Jean-Claude l’angevin est bien là, comme chaque année, tout comme Michel l’auvergnat. Thierry le poitevin et Max le parisien sont également au rendez-vous. Pour que personne ne manque, un brestois a fait le déplacement et quelques cyclotes, telle Odile, comptent désormais parmi les fidèles habituées. A n’en pas douter, l’auberge du solstice est aussi espagnole !

Vient bientôt l’heure de remonter en selle : la nuit parait soudain encore plus froide et plus noire ; Pour se réchauffer, il faut serrer les rangs. La nuit qui avance et la fatigue aidant le peloton se consacre à l’essentiel, il pédale en s’abstenant de tout commentaire sur le paysage que de toute façon nous ne voyons pas…

A Marçon, c’est la pause de la deuxième demi-étape  Malgré les vingt cinq degrés Fahrenheit et la brièveté de la halte, certains dont je fais partie s’étendent en position fœtale pour récupérer un peu Finalement, la situation pourrait être pire : imaginons la même température exprimée en degrés Celsius, il ferait quatre degrés sous zéro. Dans ces conditions, beaucoup n’auraient pas entrepris une telle escapade… Pour réussir, Il suffit donc de savoir rester positif.

Vers Saint Roch, quelques traces scintillantes nous incitent à redoubler de vigilance pour ne pas finir au tapis. Heureusement, nous arrivons sans encombre et au complet pour le petit déjeuner au café du Marché ou Kader et ses compères ont préparé à notre intention les croissants, des boissons chaudes et des tartines beurrées. Le sixième Dodecaudax du solstice est bouclé dans une chaleureuse ambiance

 

Quelques Explications :

DODECAUDAX

Le Dodécaudax est une série continue de 12 randonnées organisées ou non, en groupe ou en solitaire. Longue de 200  km minimum, elles sont à réaliser consécutivement pendant les 12 mois de l’année. Un tableau récapitulant les diverses sorties et les participants est établi sur la base des déclarations sur l’honneur des participants.

L’esprit de cette randonnée se résume  en deux mots : « constance et endurance »

Dodeca signifierait 12 en grec, d’où la dénomination de l’épreuve.

 

Le DODECAUDAX à l’U.C.T

Lorsque l’idée de la première la randonnée du solstice a germé dans le lobe droit du cyclocerveau du randonneur vendômois (alias Jean-Pierre Mary), cinq cyclos l’ont suivi.

Lors de la dernière édition plus d’une trentaine étaient au rendez-vous. Et pourtant, aucune médaille à ajouter au palmarès, aucun point à glaner pour le club.

Il faut croire que le succès croissant de cette rencontre tient pour l’essentiel au charisme de l’organisateur, à l’esprit de cette randonnée amicale et à la convivialité qu’il sait instaurer.

Divers clubs de la région organisent durant l’automne et pendant l’hiver des sorties Dodecaudax. Des Dodecaudaxiens de toutes régions se rencontrent traditionnellement en Mars lors de sorties qui partent d’Angers de Poitiers, de la Roche sur Yon ou de Vendôme et qui convergent vers un même point.