2013 – Diagonale PERPIGNAN / BREST

Synthèse

  Trajet : Perpignan / Brest

  Délai : 89 h

  Dates : du 11 au 14 juin 2013
  Distance : 1101 km
  Dénivelée : 8775 m
  Participants :

Cullerier Michel

Gauthier Gérard

  Homologation FFCT : 13-070

  Aucun album

    Étapes
1 PERPIGNAN (66) / ASTAFFORT (47) 311 km 1145 m
2 ASTAFFORT / SAINT-JEAN-d’ANGELY (17) 298 km 1590 m
3 SAINT-JEAN-d’ANGELY / SAINTE-REINE-de-BRETAGNE (44) 293 km 1655 m
4 SAINTE-REINE-de-BRETAGNE / BREST (29) 222 km 1215 m

 


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Les mots et les maux d’une diagonale

 

À vélo et c’est encore plus vrai en diagonale, une descente suit une montée qui elle-même précède une descente, à laquelle succède une autre montée. Le constat étant réversible et reproductible jusqu’au terme du voyage, j’ai parfois l’impression de me de répéter en relatant ces laborieuses progressions hexagonales.

Alors plutôt que raconter ce énième périple selon la chronologie ou le parcours, j’ai choisi pour une fois de vous conter par quelques mots, les maux et les bonheurs d’une diagonale.

Baptême du feu

Michel, novice en diagonale, un peu trop confiant dans son initiateur a pris à la lettre mon conseil d’éteindre temporairement l’une de ses deux lampes pour économiser les piles. Il est vrai que dans la montée, le large faisceau de mon éclairage alimenté par le moyeu dynamo balaye toute la route. Mais lorsque nous basculons de l’autre coté du petit col de la Dona, le poids de ce mentor, par ailleurs mauvais conseiller, l’entraîne. Michel plus léger, un peu moins rapide en descente, reste un peu en retrait éclairé par une seule lampe et la frontale. Il loupe le premier virage et bascule dans le fossé.

Mais comme Michel est un brave, il se relève et malgré quelques égratignures, pédale sans broncher jusqu’à Brest.

Masochiste ou hédoniste

Parfois à juste titre, le diagonaliste se plaint : le vent n’est jamais du bon côté, la route est trop défoncée, la météo est mauvaise et la mécanique lui joue de mauvais tours.  Serait-il masochiste ?

Peut-être un peu…

Mais la Diagonale réserve aussi des instants de plénitude lorsque pédalant dans la lumière matinale qui éclaire à peine les crêtes des escarpements, on entend le tumulte de l’Aude résonnant dans le défilé de Pierre Lys, ou lorsque d’un coup on découvre aux abords de Mirepoix la chaîne enneigée des Pyrénées se profilant dans les lointains.

Le pédaleur trouve son bonheur en zigzaguant au crépuscule dans un décor champêtre dominé par des châteaux posés sur des collines entre Cologne et Astaffort ou en étant gratifié d’une vue sur le Roc’h Trevezel et la retenue de Saint Michel après une rude montée dans la campagne bretonne.

Hédoniste et diagonaliste, finalement, ça rime….

Le balcon

À quatre heures du matin, sur ce balcon, malgré le ciel étoilé, nulle de trace de Roméo et Juliette.

Juste Michel, et moi… et des cohortes de fourmis s’activant entre les tartines et les viennoiseries de notre petit déjeuner pris sur la terrasse en balcon de notre chambre d’hôtes, à Astaffort au pays de Cabrel.

Le toboggan agenais

C’est un jeu assez éprouvant où les bosses s’enchaînent longtemps, toutes aussi sévères les unes que les autres. Notre différence de gabarit, favorable à Michel dans les montées et à mon avantage dans les descentes, nous vaut de progresser sensiblement au même rythme, tandis que nous ne cessons pas de nous éloigner et de nous rapprocher à tour de rôle.

La plaque magique

Magique, je vous le dis !

Dans le regard des curieux qui la découvrent aux premières heures de notre périple, on devine parfois le scepticisme tant la distance parait lointaine. A plus forte raison, il s’accroît lorsque nous sommes interrogés sur les délais. À mi-chemin, nous sentons que le doute s’estompe déjà : le quidam est prompt à nous prodiguer des encouragements. Au terme du voyage, le regard qu’on nous porte change encore ; parfois, nous passons pour des extra-terrestres. Et pourtant d’un bout à l’autre de la France, pour qui sait regarder, nous sommes simplement des pédaleurs obstinés partis à la poursuite d’un rêve.

 

L’ennui

Rincés par la pluie et un peu dépités par le paysage morne du marais qui n’en finit pas d’être plat et désolé, l’ennui nous gagne. Vivre ici, c’est l’assurance de mourir déprimé : rien à voir, rien à faire, aucun arbre, pas de vie, des routes droites qui ne mènent nulle part mais qui changent brusquement de direction, contrariée par un canal qui part je ne sais où. Seule diversion dans cet épisode interminable, un pont basculant dresse son tablier vers le ciel, le temps de laisser passer un bateau, et l’ennui nous reprend de l’autre côté du pont. C’est la Vendée quelque part du coté de Luçon

La pluie

La pluie ne nous gêne guère surtout lorsque nous sommes à l’abri ou qu’elle choisit de tomber ailleurs. Mais en Diagonale on est rarement à l’abri et allez savoir pourquoi, elle se précipite souvent à l’endroit où nous sommes. Parfois elle s’acharne à nous poursuivre des heures durant jusqu’à destination. Sur cette Diagonale, elle nous prend au saut du lit à Saint-Jean-d’Angély et nous accompagne jusqu’à la mi-journée dans les environs de la Roche-sur-Yon.

Le bon endroit 

Bien que dégoulinants d’eau et pas pour autant très reluisants, nous sommes accueillis avec le sourire. La bière ambrée servie ici est digne de recevoir l’estampille « Recommandée par la confrérie des diagonalistes », si la délicate mission d’agrément de ce breuvage si utile à notre propulsion, venait à nous être confiée. Nous quittons les lieux rassasiés, reposés, avec des encouragements et équipés des roulettes à pizza, souvenir de notre passage dans ce « bon endroit » : la pizzeria d’Aubigny en Vendée.

C’était notre intermède publicitaire…

Côtes du Rhône 

Soyez rassurés, il ne s’agit pas une erreur de parcours. D’ailleurs, c’est sans doute la côte que nous avons la mieux descendue : À Sainte-Reine-de-Bretagne, nous faisons halte dans un gîte où j’ai déjà séjourné avec mon épouse. Nos hôtes, chaleureux nous ont même proposé de nous préparer le repas bien qu’ils n’assurent généralement pas la table d’hôtes. Dans une ambiance sympathique, en agréable compagnie, les bouchons sautent. Nous buvons sans excès en prenant le temps de déguster un Rasteau de très bonne tenue et un honorable Chinon. Des côtes du Rhône à la vallée de la Loire, le voyage continue même pendant la pause nocturne.

Je suggère au délégué fédéral d’innover en admettant désormais le pointage par les étiquettes des grands et des petits crus. Diagonaler, n’est-ce pas après tout savoir déguster la France !

Une méprise 

Par nature peu organisé, je m’efforce en Diagonale d’être plus rationnel qu’à l’accoutumée, pour ne pas perdre de temps sur la route.

« Une place pour chaque chose et chaque chose à sa place » : la crème solaire à portée de main, la pommade à fesses dans la trousse de toilettes.

Dans la frénésie de la préparation, j’intervertis les deux tubes dont l’aspect est semblable. Le résultat est malgré tout inattendu : à l’arrivée, mon séant n’a pas pâti des longues heures de chevauchée et il est toujours aussi blanc. À croire que la crème solaire protège contrer le feu de selle. Quant à la pommade fessière, mon visage exposé au soleil témoigne qu’elle constitue un excellent masque protecteur contre les brûlures du soleil.

Désormais, je n’emmènerai plus qu’un tube : les grandes découvertes sont parfois le résultat d’un accident !

 La colère

Michel Cullerier : la première d’une longue série

Arrêtés pour une photographie au petit col de Toullaërron, marquant la limite entre Morbihan et Finistère, nous engageons la conversation avec un agriculteur qui s’apprête à partir traiter le maïs au volant de son tracteur bardé de rampes d’arrosage. Le mastodonte vert ressemble à un insecte menaçant.

En quelques mots, l’homme nous dit le malheur d’un monde paysan, soumis à la volonté des banques et prisonnier d’un modèle productiviste. L’homme sait qu’il part empoisonner la terre en se tuant à petit feu par la même occasion avec les produits qu’il répand. Il nous parle de son voisin récemment décédé, victime collatérale des pesticides. C’était un producteur de pommes de terre, contraint comme lui aux méthodes de travail imposées par un système économique ubuesque.

La récompense

Ici, le vent montre à quel point il aurait pu nous contrarier, s’il en avait décidé ainsi. De peur que les rafales ne renversent nos montures, nous inclinons nos vélos contre le garde-corps du pont Albert Louppe. Il est temps d’immortaliser par la photo de circonstance l’entrée de Michel dans la confrérie des diagonalistes.

Je joue un peu les vieux briscards bourlingueurs – j’en suis à mon sixième passage à Brest – et l’invite à bien s’imprégner du paysage car la vue sur la rade est peut-être la seule vraiment remarquable dans cette ville triste, ravagée par la guerre et saccagée par une reconstruction mal maîtrisée.

Encore quelques bonnes bosses, et c’est le commissariat.




Une réflexion au sujet de « 2013 – Diagonale PERPIGNAN / BREST »

  1. bonjour « gégé »
    tres beau site et recit ,nous espérons partir le 17 juin pour un nouveaux triangle
    philippe carpentier ,frederic maerten
    diagonalement votre….

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